DIVAGATIONS #2 – AVENGERS: AGE OF ULTRON
Je divague peut-être, mais ça fait des années qu’une scène d’Avengers – L’ère d’Ultron me gratte le cerveau et que j’ai envie d’en parler. Une chose est sûre par contre, je vais spoiler.
Pour le contexte, j’ai vu Age of Ultron à sa sortie en 2015, et j’y suis retourné à plusieurs reprises, notamment pour la sortie d’Infinity War en 2018. J’ai même tendance à le préférer au 1er film Avengers : un meilleur rythme, une photographie travaillée qui contrastait bien avec l’aspect téléfilm de son prédécesseur, un aspect globe trotteur donnant une dimension mondiale au film et bien d’autres aspects. Bref contrairement à Sleepers ce n’est pas une découverte tardive, mais plutôt un point qui me turlupine et que je souhaite explorer dans cette divagation.
Petit rappel, dans ce 2nd opus les Avengers y affrontent leurs démons et leurs doutes, personnifiés par Ultron, IA béliqueuse nées des peurs et besoins de contrôle de Tony Stark. La scène qui m’intéresse se déroule pendant une séquence à l’époque saluée par le public : le retrait de l’équipe dans la ferme de Hawkeye au sein de sa famille cachée. Si la séquence permet une exploration plus intime des problématiques des personnages (les doutes de Captain America, les remords d’Iron-Man, le besoin d’information de Thor) c’est bien sur les 2 derniers vengeurs que je souhaite me pencher : Bruce Banner/Hulk et Natasha Romanoff/Black Widow.
Ces 2 personnages se tournent autour depuis le début du film, le début de la saga même pourrait on arguer puisque c’est bien Natasha qui recrute Bruce, dans un vrai/faux jeu de séduction difficile à évaluer : Bruce n’étant pas l’être le plus sociable et Natasha ayant du mal à fendre l’armure. Ladite armure saute lorsque les 2 personnages se mettent à nues (ou presque, en peignoir) et qu’ils se retrouvent enfin seuls et honnêtes l’un envers l’autre. Bruce Banner, encore traumatisé par sa perte de contrôle à Johannesburg, rejette les avances de Natasha au motif qu’il est un monstre. Natasha, elle-même secouée par les événements en Afrique-du-Sud et ses propres visions, se remémore son passé et rétorque qu’elle en est un également à sa manière.
Quelle manière me demanderez-vous ? Est ce son passé d’assassin, son incapacité à créer des liens avec les autres ? Après tout les flashbacks semblent mettre l’emphase sur son isolement, sa quasi déprogrammation en tant qu’humain n’ayant “Aucune place dans ce monde” et sa transformation en tueuse …. PERDU, c’est qu’elle est stérile.
Non, je déconne même pas : Natasha Romanoff se considère l’égal de Bruce Banner dans sa perte d’humanité car elle est incapable d’avoir un enfant. Et si c’était pas assez évident, le film nous rappelle bien que Natasha est la seule des Avengers à connaître la famille cachée de Hawkeye et qu’elle a un lien privilégié avec ses enfants (même à venir), et que sa scène épilogue consiste à prendre des nouvelles de ladite famille avant de voir Fury débarquer. Un désir de normalité chez les 2 personnages qui se traduit par une fuite en avant pour Bruce, qui mènera par la magie du scénario à Thor Ragnarok, et par cette recherche de famille chez Natasha. Hulk et Black Widow ont en commun d’avoir été bien survolés au sein du MCU, servant d’outils voire d’excuses plus que de personnages aux scénaristes, mais voir un auteur « féministe » réduire ces deux-là à une romance, et plus particulièrement Natasha à son statut de femme, ça fait beaucoup là non ?
Je sais que c’est facile de tacler Joss Whedon depuis les révélations autour de son comportement sur les tournages de Buffy contre les Vampires et les reshoots de Justice League, mais tout de même c’était sous nos yeux depuis le début. Le male gaze outrancier sur le personnage de Black Widow (n’osez MÊME PAS me parler de Femme Fatale), la réduction de son personnage a une intrigue romantique (dont soufre également Hulk, personnage dont le MCU n’a jamais su quoi faire) ou encore l’HILARANTE séquence de Bruce tombant sur sa poitrine, si drôle que Joss a cru bon de la recycler dans son Josstice League.
On a beaucoup excusé au MCU, aussi bien sur la qualité des films que la gestion globale de l’univers, car il arrivait régulièrement à faire oublier ses instants par des moments de grâce, peut-être pas au sens artistique mais en terme de spectacle pur pour le bonheur des fans. Mais maintenant que la machine semble se gripper et que le public semble de moins en moins crédule, il serait peut-être temps d’avoir un regard plus critique sur cet âge d’or du MCU.